Le recueillement est un élément important du processus de deuil. Le deuil est généralement amorcé au moment des obsèques. Cette cérémonie, coutume universelle, représente à la fois la possibilité de célébrer la vie du défunt et rendre hommage à la personne qu’elle était, et à la fois permet à ceux qui reste de se recueillir, d’intérioriser la perte, de se remémorer des souvenirs, et par ce biais de débuter petit à petit le processus de deuil.
Après les obsèques, le lieu de recueillement est généralement matérialisé par la sépulture, qui devient l’objet symbolisant la mémoire de la personne. On la surnomme d’ailleurs “dernière demeure” signe que se rendre au cimetière, est une manière d’imager une visite au défunt. Le cimetière est d’ailleurs un lieu où le calme règne ce qui le rends tout à fait propice au recueillement.
Aujourd’hui, l’augmentation du nombre de crémations, laisse place à un vide. L’absence de lieu de recueillement pose la question du bon déroulement du processus de deuil. Pour cette raison, les communes ont mis en place d’autres structures, comme les cavurnes, les columbarium, et les jardins du souvenir : espaces réservés respectivement aux urnes et à la dispersion des cendres, dans l’enceinte du cimetière. Pour éviter aux proches vivants de ressentir un vide trop important, il peut être censé de faire un choix en matière de fin de vie en concertation avec son entourage.
Se recueillir sans lieu dédié
S’il est de coutume de se recueillir dans l’enceinte du cimetière – comme c’est le cas lorsque nous amenons des chrysanthèmes pour la Toussaint – il peut arriver que le lieu de recueillement soit improvisé ailleurs, dans un lieu qui a peut-être plus de sens pour la famille. Certaines personnes déplaceront aussi le lieu de recueillement sur un objet : une bougie, un bijou, un objet qui aurait appartenu au défunt … Permettant ainsi de se remémorer la personne disparue et la garder symboliquement près de soi. Finalement, se recueillir, c’est créer un espace à l’intérieur de soi ou on accueille le souvenir de l’autre. On se remémore les instants passés, les idées échangées, les joies, les peines. C’est aussi un temps pour dialoguer avec sa propre souffrance. Comme Baudelaire, dans son poème “recueillement” : “Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici”
Le recueillement n’a alors pas besoin d’être matérialisé et d’être situé dans l’espace, il devient l’instant où l’on s’arrête volontairement pour penser à l’être parti et créer le sentiment que sa présence nous réconforte encore. Les liens d’attachements qui nous lient à la personne disparue, sont du domaine de l’intime et ne s’effaceront pas, tant que seul, ou à plusieurs vous continuez à perpétuer le souvenir, et à vous recueillir. Dans des périodes comme celles de la crise sanitaire que nous venons de vivre, nous avons pu constater que même lorsque la cérémonie n’est pas possible, chacun peut trouver des solutions pour donner de la place à son deuil.