“Le parent est un défricheur de sentiers, un bâtisseur de rêves, un souffle pour demain. Le lien indestructible entre le parent et son enfant supplante la réalité de la mort grâce à l’héritage affectif et spirituel que laisse le passage de son ascendant au cours de sa vie.” Johanne de Montigny, psychologue
Le deuil prend des formes diverses selon les personnes, selon la relation qui nous unissait à l’être disparu, et selon notre propre rapport à la mort. Mais lorsqu’un parent meurt, des processus similaires entrent en jeu, et viennent modifier notre rapport au monde. Nous changeons de place, et ce processus vient s’ajouter au chagrin de la perte.
Surmonter la perte de ses parents
Si le deuil est vécu de manière différente pour chaque personne, perdre un parent renvoie la plupart des gens aux mêmes schémas. Le parent est un refuge, une présence rassurante, le père et la mère sont les dernières personnes qui maintiennent une partie de nous dans l’enfance. Chacun sait qu’un jour, ses parents viendront à disparaître : c’est dans l’ordre chronologique des choses. Cette pensée, dure à affronter, ne rend pas le moment de la perte plus concevable pour autant. Perdre son père, ou sa mère, qu’on ait 20, 30, 40 ou 50 ans fait raisonner en soi un sentiment de vulnérabilité et d’insécurité.
Perdre un parent, quels sont les enjeux émotionnels ?
Les liens liés au passé et à l’enfance
Lorsqu’un parent s’en va, il emmène toute une partie du passé de son enfant avec lui. Votre parent était le seul témoin de ce passé, de votre enfance. Une fois partie, vous n’aurez plus ces souvenirs partagés avec une autre personne.
La perte du rempart entre soi et la mort
Le décès des parents ouvre les portes de la mort ! Tant que nos parents sont encore là, ils sont un rempart naturel à la mort. Parce que si la mort rompt parfois injustement le pacte, l’ordre naturel de la vie veut que ce soient nos grands-parents qui partent en premier, puis nos parents, et puis un beau jour : nous. La perte de nos parents montre que nous sommes les prochains sur la liste. Réaliser sa propre mortalité s’ajoute au chagrin de la perte.
Devenir orphelin à l’âge adulte
Devenir orphelin, c’est perdre toute possibilité de “rentrer à la maison”. Au quotidien, nos parents sont un lieu de refuge, de protection éternelle, de fusion confortable. Ce n’est que le jour ou on les perd qu’on se sent mis à nus, sans protection. Le parent représente l’ultime refuge de l’enfant face aux assauts de la vie, le lieu de sécurité où il peut revenir quand il se sent en insécurité dans son existence. Perdre l’un de ses parents, c’est perdre une source d’amour inconditionnel, et un repère de vie essentiel pour l’enfant devenu adulte. On dit souvent que c’est après la mort de nos parents que nous devenons adultes, pour de bon.
Conseils pour mieux vivre le deuil de ses parents
Se remettre de la mort de ses parents est un processus lent, un processus de reconstruction. Dans son ouvrage “faire son deuil, vivre un chagrin”, le psychologue Manu Keirse, explique que, contrairement à l’adage, le temps ne panse pas toutes les plaies. C’est ce que l’on fait de ce temps, qui pourra aider au deuil. Pouvoir exprimer sa peine aussi souvent que nécessaire et trouver un soutien dans l’entourage, sont deux pistes pour avancer vers un mieux-être. Pour se reconstruire, il faut prendre soin de sa peine, ne pas la cacher.
Manu Keirse parle d’un travail de deuil en 5 étapes. On parle bien de “travail” pour exprimer le fait que traverser le deuil est un effort, au quotidien. Ce qui explique aussi le fait qu’une personne en deuil ressente beaucoup de fatigue.
Les étapes du deuil des parents
La première étape est d’accepter la réalité de la perte. On retrouve souvent chez les personnes endeuillées, une phase de déni, tellement le choc est important. Pour aider à accepter la perte, il est bénéfique, si possible, de se rendre au chevet du défunt, de parler des circonstances de la mort, de les comprendre.
La deuxième étape est de reconnaître la douleur de la perte. Nier ou minimiser la douleur, c’est rendre le processus plus long encore. Pleurer, parler, écrire son émotion peuvent aider à la faire sortir, et à l’accepter petit à petit.
La troisième étape est d’accepter son nouvel environnement sans le défunt. La perte d’un parent peut amener à des changements de vie, matériels et sociaux, il faut réapprendre en acceptant les aspects positifs et négatifs de cette nouvelle vie.
La quatrième étape est de donner une nouvelle place au défunt et de réapprendre à aimer la vie. Cette étape intervient juste avant la fin du deuil. La personne décédée obtient un nouveau statut, elle est là différemment. Une fois que tout est à nouveau à sa place, la personne endeuillée pourra commencer à aimer la vie à nouveau. Le travail de deuil touche à sa fin, on a intégré la perte, mais on n’a pas oublié le défunt. Pour aider à redonner une place au défunt, vous pouvez mettre en place des rituels, des moments de commémoration, pour inscrire le défunt dans votre nouveau quotidien.
Perpétuer la mémoire de ses parents, les conseils de la maison Cridel en matière de deuil
Pour la plupart des gens, le deuil débute au moment des obsèques. En tant qu’organisme de pompes funèbres au service des familles endeuillées, nous pensons qu’il est important que la cérémonie soit l’occasion de célébrer une vie et qu’elle permette de se rassembler autour d’un dernier hommage personnalisé. Cette cérémonie est vécue comme un passage rituel pour le défunt, mais aussi, et surtout, pour ses proches : le cérémonial marque le début d’une nouvelle vie pour la personne endeuillée.
Pour rendre le quotidien supportable, chaque personne endeuillée doit trouver des ressources pour sortir du chagrin et avancer pas à pas dans le deuil. Perpétuer le souvenir du parent disparu et se recueillir sont des manières de le faire vivre à travers nous et de sentir leur présence au quotidien. Le souvenir des parents peut être incarné au quotidien par des objets qui leur appartenaient : porter sur soi le collier de sa maman, ou boire son café dans la tasse préférée de votre père, sont des petits actes réconfortants qui aident à surmonter la douleur. Il peut aussi s’agir de perpétuer une tradition familiale, ou prendre le temps de se réunir à une date anniversaire ou à la Toussaint, pour se recueillir, et déposer des fleurs sur une tombe.
De manière générale, pour réconforter une personne endeuillée, il faut veiller à ce qu’elle se sente entourée. Perdre ses parents, piliers de la famille, est souvent le moment où le cercle familial prend une autre forme. C’est un bon moment pour veiller à maintenir la famille soudée et peut-être créer de nouvelles traditions familiales. La mort peut être abordée de manière directe, ou indirecte par le biais de lectures. Enfin, il existe des associations qui permettent de s’entourer de personnes ayant un vécu similaire. Elles permettent d’échanger et de partager sa peine.