© Crédit photo : Élise Saint-Clair
Aujourd’hui l’écologie est au centre de toutes les préoccupations. Comme le prédisaient déjà les scientifiques il y a plusieurs dizaines d’années, la concentration atmosphérique de CO2 a atteint, en novembre 2019, 410 ppm (contre 335 ppm au début des années 1980) et la température moyenne mondiale s’est élevée de 1°C, par rapport à l’ère préindustrielle, provoquant des dérèglements dans l’écosystème, qui pourrait mener, si on ne l’inverse pas, à la disparition de l’espèce animale, et par voie de conséquence, de l’espèce humaine. Il existe de multiples solutions, dans tous les secteurs d’activité, pour opérer un changement. Aujourd’hui la France n’autorise que l’inhumation et la crémation. Ces deux procédés sont coûteux en bois, et rejettent une quantité non négligeable de CO2 dans l’atmosphère. Des alternatives commencent à voir le jour, comme la création de cercueils en cartons, les urnes biodégradables, ou le procédé d’humusation : un enterrement en pleine terre, dans un humus étudié pour dégrader le corps en 12 mois. Ou encore : l’aquamation, utilisée à l’origine pour décomposer les déchets animaux provenant des abattoirs, ou pour les animaux de compagnies dans certains pays, un processus de décomposition du corps par l’eau qui possède de nombreux avantages.
Comment fonctionne l’aquamation ?

L’aquamation, aussi appelée crémation par l’eau ou encore hydrolyse alcaline, est une pratique qui permet de dissoudre les tissus du corps dans de l’eau. Comme pour l’incinération, le corps est inséré dans un appareil, sans cercueil cette fois, qui contient de l’eau et une solution aqueuse. L’eau est chauffée à 93°C et agitée, elle provoque la dissolution complète de tous les tissus présents dans le corps, en 3 à 6 heures. Par la suite, les os sont broyés et rendus à la famille, comme lors d’une crémation par le feu.
Que fait-on de l’eau après l’opération de dissolution ?
Après l’aquamation, l’eau retourne à l’écosystème par le circuit classique, en passant par une usine de traitement des eaux. Le procédé produit une solution complètement stérile composée d’acides aminés, de sucres, de nutriments, de sels et de savon, dissous dans de l’eau. Ce sont les mêmes composants que l’on retrouve dans la décomposition naturelle, il n’y a donc aucun risque de contamination des eaux.
L’aquamation, une solution écologique
La crémation réclame plusieurs litres de carburant et dégage des particules polluantes qui sont rejetées dans l’atmosphère : 160 kg de CO2. Les crématoriums français ont été contraints, après une loi, de s’équiper de filtres à particules, réduisant les émanations. Certains cimetières réutilisent même les fumées pour chauffer des bâtiments à proximité, c’est le cas du crématorium du Père Lachaise. Selon le New York Times, l’empreinte carbone de la liquéfaction représente environ un dixième de celle causée par la crémation. L’aquamation utilise moins d’énergie qu’un crématorium, ne dégage aucune fumée et ne nécessite pas la fabrication d’un cercueil. C’est une vraie révolution écologique.
L’aquamation, où crémation par l’eau est-elle autorisée en France ?
En France l’aquamation n’est pas encore autorisée, seule l’enterrement et la crémation le sont. L’aquamation funéraire est, pour l’instant, légalisée dans sept États des États-Unis, en Australie, à Québec, au Canada, et plus récemment, en Grande Bretagne et maintenant en Afrique du Sud, ou elle a été utilisée par le prix Nobel de la paix Desmond Tutu début 2022.