L’heure est à la recherche de solutions pour réduire l’empreinte carbone de chaque individu et de chaque industrie, pour tenter d’enrayer le réchauffement climatique. Le secteur funéraire n’y échappe pas, puisque l’enterrement et la crémation ont une empreinte carbone non négligeable. Si la crémation répond à un problème de place déjà présent dans les grandes nécropoles françaises, elle dégage une grosse quantité de CO2 dans l’atmosphère. Le processus d’incinération émet 1,35 tonne de mercure par an, dont la quasi-totalité, est directement rejetée dans l’atmosphère. Quant à l’enterrement, il rejetterait moins de CO2 à court terme, mais est responsables de 10 % d’émissions en plus, à long terme, à cause des produits chimiques présents dans le béton, sur le cercueil, et même sur et dans le corps du défunt.
Des lois en faveur de l’écologie dans le secteur funéraire
Pour pallier le problème de la pollution, une loi (n° 2008-1350 du 19 décembre 2008) a été promulguée, demandant aux crématoriums de s’équiper de filtres, pour laisser passer moins de CO2 dans l’atmosphère. Les crématoriums français ont dû s’équiper de ces filtres avant février 2018. Du coté de l’inhumation, une autre loi a récemment été promulguée, elle doit réglementer l’utilisation des pesticides. En effet, la loi Labbé mise en vigueur en au 1er juillet 2022, interdit toute utilisation de produits phytosanitaires dans tous les espaces verts, jardins publics et parcs, y compris aux propriétés privées, et aux lieux fréquentés par le public et aux lieux à usage collectif, comme les crématoriums et cimetières.
Bientôt, une réglementation de la thanatopraxie, pourrait voir le jour. La thanatopraxie est l’acte par lequel on insère des liquides dans le corps du défunt de manière à ce qu’il se dégrade moins vite. Les produits utilisés pour la thanatopraxie sont chimiques, et finissent dans la terre après l’enterrement. Le projet de loi présenté par M. Jean-Pierre Sueur, déposé le 10 juillet 2019, aurait pour but de mieux informer le consommateur. La thanatopraxie, qui est un acte assez coûteux, a parfois été présentée comme obligatoire, par quelques pompes funèbres frauduleuses, alors que ces soins ne sont pas indispensables.
Qu’est ce qu’un cimetière écologique ?
Un cimetière écologique est un cimetière qui fait le choix d’enterrer les défunts en pleine terre, dans un cercueil le plus écologique possible, en bois non vernis ou en carton. La tombe ou le monument funéraire est remplacée par une simple stèle en bois gravée. Conformément à la nouvelle règlementation, aucun pesticide n’est utilisé, et l’objectif de ce type de cimetière est d’y faire perdurer la biodiversité. En plus de l’avantage écologique apporté par une telle solution, le cimetière écologique représente un avantage économique, puisqu’il supprime les coûts des travaux de cimetières avec chape de béton, un cercueil onéreux et le monument funéraire en granit. En comparaison avec la crémation, le cimetière végétal reste une solution pour aider la famille dans son deuil, en étant un lieu de mémoire, ou il est possible se recueillir.
L’arrivée des cimetières écologiques en France
Le cimetière écologique de Niort en Normandie
Le cimetière naturel de Souché à Niort a été conçu en 2014, dans l’enceinte du cimetière déjà présent. Ce concept novateur est né de l’envie de permettre au famille un enterrement écologique, tout en ayant un lieu de recueillement paisible en pleine nature.
Le cimetières écologiques de Paris
Le cimetière végétal d’Ivry-sur-Seine
Le cimetière d’Ivry, dans le département du Val-de-Marne, aux portes de Paris, a ouvert en 2019 une zone écologique de 1560m2. Dans cette partie du cimetière, les cercueils sont enterrés en pleine terre. Ce sont des cercueils sans peinture, sans vernis, pour une décomposition plus rapide et sans produits chimiques qui fragiliseraient les sols, parfois même, des cercueils en carton. Pour avoir accès à ce cimetière, il faut signer une charte qui demande à ce que toutes les closes écologiques soient respectées : pas de chape en béton, pas de stèle en granit, la sépulture est remplacée par une petite stèle en bois issue de forêts de la région parisienne. La taille des végétaux aussi est contrôlées, on ne peut pas y planter de grands arbres, seulement de petits arbres et de petites plantes, de manière à préserver la biodiversité.
Cimetière paysager du Mont-Valerien
Le cimetière du Mont Valérien est un cimetière parc, construit en 1979. Il a été pensé pour être au maximum végétalisé : les concessions ne possèdent pas de pierres tombales, mais des dalles posées sur les pelouses. Aujourd’hui, on y trouve quatre mille sépultures. Il participe à la préservation de la biodiversité, mais possède moins de clauses écologiques que les cimetières de Niort ou d’Ivry-sur-Seine, en terme d’inhumation.
Cimetière paysager De La Vallée de La Dame à Verrières-le-buisson (91)
Ce cimetière paysager est un peu différent. Construit sur un site naturel protégé, il est le fruit d’un grand travail et d’un investissement pour y préserver la biodiversité et créer un verger. Dans ce cimetière implanté dans une vallée, c’est la dispersion de cendres qui est privilégiée. L’envie étant de créer un lieu de recueillement entièrement naturel.
Le cimetière écologique de Bretagne
Le cimetière de Stang-Bihan a été créé en 1988. Mais c’est depuis juin 2021, qu’il a été labellisé Eve® (Espace végétal écologique). C’est le premier cimetière en Bretagne à obtenir ce label qui englobe une démarche de gestion (zéro-phyto, économies d’eau, gestion des sols, des végétaux, des déchets…) et de développement durable. Le cimetière végétal de Stang-Bihan a aussi pour vocation de créer un lieu de promenade et de recueillement.
Les cimetières écologiques sont-ils une réelle solution écologique ?
Aucune étude n’a encore été menée sur l’impact écologique des cimetières sans caveau. La décomposition des corps est certes plus rapide, mais pour l’instant il n’existe pas de preuve scientifique que les corps en décomposition en pleine terre ait un impact nul sur les sols. Nos corps sont aussi intoxiqués par des métaux lourds, et beaucoup de substances qu’ils n’arrivent pas à évacuer, la nature non plus. Être inhumé dans un cimetière écologique est différent d’une pratique comme l’humusation, qui implique un processus de décomposition rapide impliquant des connaissances en équilibre des sols. Ces connaissances se retrouvent aussi dans un projet comme celui du cercueil champignon. Le cimetière écologique reste malgré tout un très bel effort de la part des communes et une alternatives de plus pour la fin de vie.