Le chrysanthème est une plante vivace, qui appartient à la famille des asteraceae. Son nom vient du mot grec « chrystos » et signifie « fleur d’or ». Elle existe dans de nombreuses variétés et coloris. Originaire d’Asie, elle est devenue la fleur phare durant la Toussaint où, chaque année, 20 millions de pots de chrysanthèmes sont déposés sur les tombes en France.
L’origine du chrysanthème
Son histoire démarre en Chine, il y a 3000 ans. Le chrysanthème était cultivé pour l’ornement, l’alimentation et la pharmacopée.
Introduit au Japon à partir du VIIIème siècle, son succès fût tel qu’il devint le symbole de l’empereur et l’emblème du pays : l’ordre du chrysanthème est la plus haute distinction du Japon, décernée aux personnalités d’honneur. On retrouve d’ailleurs le symbole du chrysanthème sur les passeports japonais.
En Europe, les premiers spécimens de chrysanthèmes à pompon sont arrivés au XVIIème siècle et les variétés à grandes fleurs furent introduites un siècle plus tard.
En France, son succès a grandi à partir de la Belle Époque, c’est-à-dire entre le XIXème et le début du XXème siècle, avec la mode du style japonais, devenant un motif récurrent dans l’Art Nouveau.
Le chrysanthème, fleur d’ornement pour tombes
À l’origine, nous célébrions les morts en allant déposer des bougies sur les tombes, symboles tirés de la religion chrétienne.
Ce n’est qu’en 1919, à l’occasion du premier anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918, qui célébrait la fin des combats de la Première Guerre Mondiale, que le président Raymond Poincaré a appelés les Français à fleurir les tombes des soldats morts au front. On choisit le chrysanthème pour deux raisons : il fleurit durant cette période et résiste aux basses températures.
Voici l’intégralité de l’article, rédigé par Antoine Redier dans Le Monde illustré du 1er novembre 1919 :
Quand sonna le tocsin du 1er août 1914 nous pensâmes tous à la Toussaint. Nous nous imaginions qu’après 3 mois la guerre serait finie ou près de l’être. Le 1er novembre qui tombait un dimanche, les Allemands bombardèrent les cantonnements et firent aux abords des églises, à l’issue des cérémonies, des victimes civiles. Nous allons, pour la première fois depuis 5 ans, visiter en paix nos cimetières et les parer de fleurs. Je sais un village de France, dont toutes les tombes portent un plan de chrysanthèmes blancs. La fleur est petite, mais extraordinairement abondante et fraîche. Et ce champ du repos prend un aspect de fête pour recevoir la visite et les prières des vivants aux morts. Nous n’avions, au front, que des fleurs sauvages à mettre sur les tombes. Nos mains les y déposaient avec piété. Chacun de nous, voudrait pouvoir aller là-bas, dans les secteurs où il a souffert et vu tomber les camarades. Du moins penserons-nous à eux d’abord, tandis que nous ferons avec la foule le pèlerinage du Père-Lachaise ou du champ plus modeste, où reposent ceux qui nous ont précédés sur la route de la terre. Nous pourrons leur apporter des fleurs à plein bras. C’est la saison où abondent les plus somptueuses d’entre elles. Leurs teintes, leur aspect même s’accordent avec les jours mélancoliques de novembre. On les aime pour leurs richesses, la variété, la bizarrerie parfois monstrueuse de leurs grosses têtes. Je trouve que le chrysanthème est une fleur triste.
La symbolique du chrysanthème
La symbolique du chrysanthème varie d’un continent à l’autre. Elle symbolise le bonheur au Japon et en Chine, l’amour aux Etats-Unis, la longévité et l’immortalité en Orient et Extrême-Orient …
En Australie, le chrysanthème blanc est offert aux mamans lors de la fête des mères.
En France, il représente un hommage que l’on souhaite rendre à nos proches défunts. Porter des chrysanthèmes à la Toussaint est un message silencieux de l’amour que l’on avait pour eux. Grâce aux chrysanthèmes nous avons chaque année l’opportunité de donner de belles couleurs aux lieux mystérieux que sont les cimetières.
Cette tradition est le seul moment de l’année ou le monde des vivants côtoie celui des morts. L’occasion pour chacun d’entretenir la mémoire, se recueillir, et célébrer la vie des personnes disparues. Les fleurs, qui représentent la vie, nous invitent à traverser le deuil, et mieux accepter la mort. Celles de ceux que nous avons perdus, mais aussi, par extension, notre propre mort