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Dans notre société, la mort est encore un sujet tabou qu’on évite d’aborder, surtout après un certain âge. Pour les enfants, ce n’est pas un tabou, la mort est un sujet mystérieux qui soulève de nombreuses questions. Quelle que soit votre sensibilité sur le sujet, il est possible que vos petits-enfants aient besoin d’en parler. Ils peuvent aussi vous poser des questions très crues comme “Mamie/Papi est-ce que tu vas bientôt mourir ?”. Aucune provocation de leur part, ils formulent simplement la besoin de mieux comprendre. Mais comment trouver les mots justes et jongler entre leur sensibilité et la votre ?
Comment expliquer la mort à un petit enfant de 3 ans, 6 ans ou 8 ans ?
Parler de la mort en famille, c’est soulever une réalité inconfortable. C’est un point de vue d’adulte, puisque nous associons la mort à des émotions gênantes, comme la peur, la tristesse, voire la colère. Le petit enfant, lui, n’a pas encore fait cette association. Avant 4 ans, la mort est abstraite et votre petit enfant comprendra l’absence mais n’arrivera pas à se représenter réellement la mort. Jusqu’à l’âge de 6 ans environ, l’enfant sait nommer la mort mais peine à comprendre son caractère irréversible. C’est seulement vers 8 ans qu’il réalise que la mort est universelle : tout le monde meurt et quand on meurt on ne revient pas.
Si votre petit enfant aborde le sujet de la mort avec vous, répondez à ses questions sincèrement, en adaptant vos mots à son âge. Il est possible qu’il cherche une représentation imagée de l’endroit où se trouvent les personnes lorsqu’elles meurent. C’est à chacun, en fonction de ses croyances, de sa créativité, d’apporter une explication. Certains diront que la personne est partie dans les étoiles, d’autres décrivent le paradis, et le fait que les personnes mortes rejoignent les autres membres de la famille. Cependant, il est réaliste d’oser dire à l’enfant qu’on ne sait pas exactement, et comme on ne sait pas, on peut inventer une histoire qui fait du bien.
Quand expliquer la mort à ses petits-enfants ?
Si vous avez à annoncer la mort d’un proche à un enfant, c’est évidemment le moment de lui expliquer ce qu’est la mort. Encore une fois l’approche se veut honnête, dans un langage adapté, et dans le respect de l’émotion de l’enfant. Parler de la mort peut se faire aussi lorsqu’un animal meurt. Accompagner les émotions de son enfant l’aidera à mieux comprendre ce qu’il vit. Laissez entendre qu’il est normal d’être triste et de pleurer quand on vit la perte de quelqu’un qu’on aime.
Il est également possible de parler de la mort lorsque l’enfant pose des questions. Généralement vers l’âge de 4 ans, l’enfant pose beaucoup de questions sur ce sujet. Il peut même devenir une source de stress. Apporter des réponses et se montrer solide dans cette discussion lui permettra de comprendre et d’accepter.
Aborder la question de la mort avec les enfants à travers des livres
Maintenant que l’on sait que la mort est un sujet qui ne doit pas se transformer en tabou avec vos petits enfants, il peut s’avérer compliqué de trouver les mots justes. Si vous êtes paralysé par l’idée d’en dire trop ou pas assez, ou simplement que vous ne savez pas comment trouver les mots justes, il existe aussi la possibilité d’utiliser les livres.
En effet, de nombreux ouvrages pour enfants abordent la question de la mort. Certains sont réalistes, d’autres utilisent une histoire, de la douceur, voire de la poésie. Certains peuvent être utilisés si l’enfant vient de perdre un animal, un parent, ou un grand-parent… Dans tous les cas, c’est un support qui permet de mettre un peu de distance, tout en accompagnant l’enfant dans sa compréhension. Les livres pour enfants peuvent aussi devenir une découverte à deux, et être une manière d’apaiser leurs questions tout en soulageant votre propre peur. Parce que finalement, parler de la mort est un grand pas, mais une fois qu’il est franchi on se sent un peu plus léger.
Avant de franchir le pas de lire un livre qui évoque la mort avec vos petits enfants, vous pouvez commencer par écouter des podcasts ou émissions de radio qui parlent de ce sujet. L’objectifs de ces enregistrement est justement de démystifier ce sujet, de le rendre accessible voire même ludique ou humoristique.
Comment parler de la mort aux enfants selon Françoise Dolto ?
Françoise Dolto a marqué un tournant dans la vision que nous portons sur les enfants. Elle a consacré sa carrière à défendre la parole des enfants et à défendre l’idée selon laquelle l’enfant a besoin d’entendre la vérité. Elle a expliqué comment parler de la mort aux enfants dans l’un des épisodes de “Lorsque l’enfant paraît”. Cette émission de radio a été diffusée dans les années 1976-1978 sur France Inter. Elle était animée par Jacques Pradel.
Comment expliquer la mort à une petit enfant qui essaye de comprendre pourquoi on meurt ? Pour Françoise Dolto, nous ne pouvons expliquer la mort qu’à travers la vie et la vie à travers la mort : “Nous mourrons parce que nous vivons, nous n’avons pas d’autre définition de la vie que par la mort et de la mort par la vie.”
Elle l’explique par ce dialogue :
“Sois tranquille tu ne mourras que quand tu auras fini de vivre”
“Mais je n’ai pas fini de vivre”
“Puisque tu vois que tu n’as pas fini de vivre, tu vois que tu es bien vivant”
Françoise Dolto explique que les enfants abordent la question de la mort par des questions ou des remarques indirectes. Ils diront “tu es vieille”, ou vous demanderont si vous allez bientôt mourir. C’est à ce moment-là qu’il faut répondre qu’on ne sait pas. Cependant, si on ne sait pas quand la vie s’arrêtera, alors la conclusion est d’essayer de bien vivre tous les moments de notre vie.
Lorsque l’enfant est confronté à la mort
Si l’enfant est confronté à la mort, Françoise Dolto explique qu’il est primordial d’expliquer ce qu’il s’est passé à l’enfant. En ne verbalisant pas la mort, l’enfant risque de se créer une réalité bien plus dramatique pour lui. Une petite fille a qui on explique pas, par exemple, la mort d’un petit frère ou une petite soeur mort né ou une fausse couche pourrait s’imaginer toutes sortes d’horreurs. Elle peut penser que la maman l’a jetée, ou même l’a mangé comme le loup dans les histoires d’enfants. Plus tard l’enfant peut aussi culpabiliser d’une situation qu’on lui cache en pensant que c’est de sa faute.
Pour Françoise Dolto, toutes les vérités de la vie sont bonnes à dire à l’enfant. En effet, l’enfant est doué d’une finesse, d’une forme d’intuition qui lui permet de sentir quand on lui cache un élément de son environnement. Omettre d’expliquer une situation à l’enfant peut conduire à des problèmes dans le développement ou à des symptômes comme par exemple des troubles du sommeil.
Quand ne pas parler de la mort aux enfants
Le seul moment où il ne faut pas expliquer la mort, pour Françoise Dolto, c’est le moment où les enfants jouent la mort. Les enfants ont besoin du jeu pour apprivoiser les mystères de la vie. Pour le faire, l’enfant se met dans un monde imaginaire, par le jeu. C’est aussi ce jeu qui lui permet de se défaire de ce que la mort peut représenter d’effrayant. En jouant, il « contrôle » la mort pour ne pas subir son côté imprévisible.