Pourquoi cette startup d’enterrement écologique veut transformer les gens en arbres

Le corps humain peut être mesuré par de nombreux paramètres. Par exemple, 0,8 mètres cube : c’est la quantité de compost qu’un corps (combiné avec de la matière végétale) en décomposition pendant 6 à 10 semaines produit. 

Ce chiffre, calculé par Recompose, une société de compostage humain basée à Seattle, montre à quel point nous gâchons de précieux bienfaits organiques lorsque nous nous débarrassons de l’enveloppe corporelle d’une personne. Nous savons aujourd’hui qu’elle peut être utilisée au service de l’environnement.

Transcend, une entreprise d’inhumation écologique

Le mouvement d’inhumation écologique ne consiste pas seulement à trouver des moyens de réduire l’impact environnemental des funérailles. Il sert aussi à trouver des moyens pour que chacun ait un impact positif sur la planète, après la mort. Après l’humusation, l’aquamation, le cercueil champignon, l’idée la plus récente nous vient de Transcend : une startup qui offrira aux gens la possibilité de « devenir » un arbre après leur mort.

Chez Transcend : le client choisit une espèce d’arbre, sur un terrain appartenant à l’entreprise. Lorsqu’il décède, son corps est enveloppé dans un linge de lin biodégradable et enterré entouré d’un mélange de copeaux de bois, de terre locale et de champignons pour faciliter le compostage. Au-dessus de la sépulture, on plante un arbre de deux à quatre ans. L’arbre est capable d’absorber la quantité de nutriments libérée par le cadavre. Le site est marqué d’un mémorial et l’arbre pousse, enrichi par cet engrais fertile.

Illustration du site wetranscend.com

Les premiers sites de Transcend ne sont pas encore confirmés. Mais l’objectif est qu’ils ne soient pas situés à plus de deux heures d’une grande ville. 

L’entreprise a été fondée par l’entrepreneur Matthew Kochmann qui s’est inspiré de la «Capsula Mundi»(dont nous parlons dans cet article). C’est un cercueil biodégradable en forme d’œuf conçu par les Italiens Raoul Bretzel et Anna Citelli, au-dessus duquel un arbre peut être planté. Alors que le duo a sorti une version adaptée aux cendres incinérées, le modèle pour un corps n’a jamais été mis en production.

« D’ici la fin de 2023, nous espérons avoir quelques sites ouverts et nous espérons avoir déjà enterré plusieurs personnes. », explique Kochmann. « Nous espérons aussi avoir une liste d’attente de personnes qui souhaiteraient un tel mode de sépulture. »

​​Briser le duopole inhumation-crémation

Les deux types dominants de funérailles aux États-Unis (NDLR comme en France) ont des impacts environnementaux négatifs. Chaque année, les enterrements traditionnels utilisent des millions de liquide d’embaumement (y compris des produits chimiques comme le formaldéhyde), des millions de pieds de bois, plus d’un million de tonnes de béton et des milliers de tonnes de cuivre, de bronze et d’acier, selon le Green Burial Council. La majorité des Américains (NDLR et des français) optent désormais pour la crémation. Bien qu’elle n’occupe pas des terres de la même manière qu’un enterrement traditionnel, elle produit 1,74 milliard de tonnes d’émissions de CO2 chaque année. En plus, elle rejete certains métaux lourds, dont le mercure, dans l’atmosphère. (NDLR En France, d’après une étude menée par la ville de Paris un enterrement émet 833 kilos de CO2 dans l’atmosphère. Soit 3,6 fois plus de CO2 rejeté à long terme que la crémation)

Il n’en a pas toujours été ainsi, explique Jimmy Olson, fondateur de Olson Funeral Home, dans le Wisconsin. Il est l’un des premiers à avoir adopté les options d’inhumation vertes modernes.

« La pratique de l’embaumement a été instaurée pendant la guerre civile américaine », explique-t-il. « Enfermer des cercueils dans un conteneur en béton a été introduit après la Seconde Guerre mondiale pour empêcher les tombes de s’effondrer. »

« Tout ce que nous faisons ici, c’est revenir à la façon dont nous faisions les choses il y a 100 ans », dit-il à propos des enterrements naturels qu’il propose dans les prairies et les zones boisées.

Caitlyn Hauke, ancienne présidente du Green Burial Council International, a déclaré que « beaucoup de gens ont tendance à considérer l’inhumation et la crémation traditionnelles comme leur seul choix. Mais une fois qu’ils ont appris l’existence de l’enterrement écologique (et d’autres alternatives), ils changent fréquemment d’avis ».

Quelles sont les autres alternatives écologiques ?

Pour ceux qui veulent redonner à la Terre après leur mort, les options se sont élargies ces dernières années. Une forme de crémation utilisant des liquides, appelée « aquamation », est légale dans plus d’une douzaine d’États et peut réduire une grande partie de l’empreinte carbone de la crémation tout en générant un engrais liquide riche en nutriments. Aussi, l’humusation ou compostage humain est légal dans une poignée d’États. Le plus récent étant l’état de New York. Recompose, par exemple, composte les corps dans des conteneurs individuels dans le sol pour que les proches puissent les collecter ou les donner aux efforts de conservation.

Transcend a « pour mission de reboiser le monde », déclare Kochmann. Chaque plantation d’arbre acheté paiera pour que 1 000 arbres soient plantés par One Tree Planted. Les clients peuvent avoir un impact même avant leur mort.

« C’est une tâche ardue que d’amener les gens à penser à la mort »

Transcend a attiré le soutien de personnalités telles que le cinéaste nominé aux Oscars Darren Aronofsky. Il siège au conseil consultatif de la société aux côtés de l’experte en humusation Jennifer DeBruyn, biologiste microbienne.

« C’est une tâche ardue d’amener les gens à penser à la mort », a déclaré Aronofsky lors d’une récente table ronde Transcend. « Mais les gens sont très engagés dans l’histoire de l’environnement. »

Selon une enquête réalisée en 2017 par la National Funeral Directors Association (NFDA), seules 21 % des personnes avaient discuté de leurs dernières volontés funéraires avec leur famille. Alors que, les deux tiers reconnaissent l’importance de le faire. « Une grande partie de ce que nous faisons ici, consiste à utiliser l’arbre comme métaphore pour aider les gens à avoir une conversation inconfortable », explique Kochmann. « La nature a le pouvoir d’être un conduit apaisant. »

« Je ne nous considère pas comme une entreprise de soins de la mort ou une entreprise funéraire. », ajoute-t-il. « Cette entreprise a été créée pour guérir la relation de la société avec la mort. »

Combien coûte un enterrement écologique chez Transcend ?

Vendu 8 500 $, le forfait funéraire de Transcend est plus élevé que le coût médian d’un enterrement (7 848 $) ou d’une crémation (6 971 $) en 2021 aux USA. (NDLR – En France, le coût moyen d’une inhumation est estimé à 3815€ et pour une crémation 3986€ en 2022)

Le fondateur a refusé de chiffrer le nombre de clients qui devraient s’inscrire pour rendre l’entreprise viable à long terme. Sur son site Web, la société déclare « si Transcend devait fermer, tous nos enterrements d’arbres déjà effectués seraient protégés à 100 %.”

L’entreprise procédera à son premier enterrement au printemps 2023 ou à l’été, il attend actuellement la confirmation des premiers sites d’inhumation. « C’est un processus rigoureux et compliqué », dit-il.

Avant même de creuser la première tombe aux États-Unis, Kochmann réfléchit déjà à son implantation internationale. Il est fermement convaincu que l’enterrement d’arbres peut être accepté dans toutes les cultures et religions.

« Chacun d’entre nous va devoir faire face à la décision du devenir de son enveloppe corporelle après sa mort », dit-il. « Chacun de nous peut offrir ce cadeau à la planète. »

Cet article a été écrit par Thomas Page, pour le magazine CNN et traduit de l’anglais par nos soins.

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