Le deuil est une période durant laquelle la personne endeuillée est affectée, jour et nuit, par le manque de l’autre. Cette sensation peut prendre la forme d’une humeur maussade, de la survenue d’émotions fortes, d’une grande envie de repli. De ce fait, elle peut vivre de profond changement au niveau de son rythme de vie. Elle peut ressentir de la fatigue, de la lassitude et une profonde tristesse qui viendront affecter son quotidien. Cependant, après un deuil, il est souvent compliqué, voire impossible de tout arrêter. La vie doit rapidement reprendre son cours, et malgré le manque de motivation, la personne en deuil devra reprendre le chemin de son lieu de travail. Alors comment arriver à surmonter ce retour brusque à la réalité et concilier deuil et travail ?
Aménagement de poste, congés de deuil … vos droits en temps qu’employé
Lorsqu’un décès est survenu, les proches du défunt ont besoin d’un peu de temps pour réaliser la perte. Ils ont aussi le devoir d’organiser le départ du défunt, en organisant ses obsèques. La loi prévoit donc des aménagements afin de prendre le temps nécessaire, grâce à un congé de deuil. Cependant, ce congé étant très court, il laisse peu de temps à la personne fragilisée pour se réorganiser dans cette nouvelle vie, avec l’absence du défunt. C’est pourquoi il existe d’autres solutions comme la possibilité de faire un aménagement de poste ou de demander un mi-temps thérapeutique.
Demander un congé de deuil
La loi prévoit un congé de deuil pour tout salarié, sans réserve d’ancienneté. Ce congé peut être attribué à toute personne qui a perdu son époux/épouse, son partenaire de pacs ou concubin, un père, une mère ou un beau-père ou une belle-mère, un frère ou une sœur. Le congé de deuil est de trois jours et il est rémunéré comme une journée de travail normale. Cependant, selon votre convention collective, le délai de trois jours peut être allongé. Pour obtenir ce congé, vous devez fournir à votre employeur l’acte de décès.
Le congé de deuil parental
Le congé de deuil parental est octroyé à l’un ou l’autre ou les deux parents d’un enfant décédé avant l’âge de 25 ans. Il peut aussi s’agir des personnes qui avaient la charge permanente d’une personne décédée avant l’âge de 25 ans.
L’indemnisation du congé est également possible lorsqu’un enfant n’est pas né mais a atteint le seuil de viabilité fixé par l’Organisation mondiale de la santé (né après 22 semaines d’aménorrhée ou un poids du fœtus de 500g).
Il doit être pris dans l’année qui suit la date du décès. Sa durée maximale est de 8 jours si vous êtes salarié. En revanche, si vous êtes travailleur indépendant, praticien ou auxiliaire médical, en situation de chômage indemnisé ou de maintien de droit aux prestations de l’assurance maladie, il peut être de maximum 15 jours.
Réclamer un aménagement de poste ou un mi-temps thérapeutique à votre employeur
Un retour au travail peut aider la personne endeuillée. D’une part, cela permet de se maintenir en activité, pour éviter de ressasser trop de pensées tristes. D’autre part, cela permet de maintenir une vie sociale. Cependant la fatigue, le besoin de repli, et la tristesse peuvent aussi rendre le travail beaucoup plus fastidieux qu’à l’accoutumé. Dans ce cas, il est possible de faire un compromis, et d’adapter votre poste à votre état actuel.
La première étape pour demander un aménagement de vos horaires, est de prendre rendez-vous avec le médecin du travail. C’est avec lui que vous discuterez de ce dont vous avez besoin pour concilier votre état de santé actuel avec votre métier. Il peut demander un aménagement de poste, c’est-à-dire demander une modification de vos fonctions pour des missions plus adaptées. Il peut aussi demander à ce que vos horaires soient réduits, pour vous rendre à des séances chez un thérapeute par exemple. Vous avez aussi la possibilité de demander un mi-temps thérapeutique. À ce moment, c’est le médecin qui fixera le pourcentage de travail qui sera optimal à votre équilibre personnel. Le mi-temps thérapeutique est en partie indemnisé par la caisse d’assurance maladie.
Après cette étape, vous devez aviser votre employeur, par lettre recommandée avec avis de réception. Vous pouvez aussi en parler de vive voix avec lui, pour plus de transparence. Toutefois, ce dernier est en droit de refuser votre demande, si l’entreprise est en incapacité de donner ce que vous demandez.
Reprendre le travail après un deuil : nos conseils
Concilier le deuil avec un retour au travail est un défi émotionnellement difficile. Si possible, accordez-vous le temps nécessaire pour apprendre à vivre avec votre deuil. Prenez le temps qu’il vous faut avant de revenir au travail.
Si la perspective d’un retour au travail vous semble difficile, envisagez un retour progressif. Comme nous l’avons abordé plus haut, il existe des solutions qu’il ne faut pas hésiter à actionner.
Cependant, si vous sentez que reprendre votre vie professionnelle peut vous aider, n’hésitez pas à communiquer votre situation à votre employeur et à vos collègues proches pour qu’ils soient au courant de la situation. Même si ces relations sont seulement d’ordre professionnel, chacun est humain, et vous trouverez peut-être un appui réconfortant chez vos collègues.
Aussi, plus que jamais prenez soin de votre santé mentale et physique. Reposez-vous, mangez sainement… Il arrive que pour pallier la douleur du deuil, certaines personnes se lancent corps et âme dans leur activité, en s’oubliant totalement, comme pour anesthésier la peine. Soyez conscient de vos limites et à l’écoute de vos émotions.
Si le deuil interfère de manière trop importante avec votre capacité à fonctionner au travail, ou que sa durée devient anormalement longue, envisagez de consulter un professionnel de santé mentale spécialisé dans le deuil. Un soutien supplémentaire peut être précieux pour traverser cette période difficile et éviter de sombrer dans la dépression.
Il est important de se rappeler qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de faire face au deuil lors du retour au travail. Chacun gère cette période à sa manière, avec ses propres ressources.
Comment aider un collègue qui vit un deuil au travail ?
Si un de vos collègue est de retour au travail après un deuil, cela peut soulever de nombreuses interrogations. La mort est un sujet tabou, et la tristesse une émotion difficile à accueillir. Cependant, c’est aussi l’occasion de briser un peu la glace et de communiquer avec la personne endeuillée sur un registre qui n’a habituellement pas sa place dans le milieu professionnel.
La première chose à faire est probablement de présenter vos condoléances à ce ou cette collègue. Un simple « Je suis désolé pour votre perte » ou “J’aimerais vous présenter mes condoléances”. C’est un message usuel, mais qui peut être réconfortant et surtout qui montre que ça ne vous laisse pas indifférent. Il est d’ailleurs souvent d’usage de se rendre aux obsèques du proche d’un collègue, voire d’envoyer des fleurs et une carte de condoléances. Cette démarche dépend de la proximité que vous entretenez avec votre collègue.
Si la relation que vous entretenez avec ce ou cette collègue le permet, offrez un temps d’écoute. La personne pourra ainsi se libérer de certaines émotions. Vous pouvez poser quelques questions, comme “est-ce que les obsèques se sont bien passées ?”, “est-ce que tu appréhendes ton retour au travail ?” pour essayer de comprendre dans quel état d’esprit se trouve actuellement la personne. Cependant, ne forcez pas les choses. Respectez le droit au silence de l’autre personne.
Vous pouvez aussi proposer votre aide pour des tâches professionnelles. Par exemple, en vous mettant d’accord en équipe pour alléger la charge de travail du collègue en deuil. Parfois, de simples petits gestes de gentillesse, comme apporter un café, offrir un repas, un chocolat, apportent un grand réconfort.
En somme, chaque geste compte. Ce ne seront que de petites bribes de réconfort pour la personne, mais mises bout à bout elles lui permettent de se sentir entourée, comprise et soutenue. Restez attentif aux signes de confort ou d’inconfort de votre collègue et ajustez votre soutien en conséquence.