La mort numérique peut être définie comme la fin de toute interaction d’une personne sur le web en raison de son décès. C’est un sujet très important, qui mérite d’être traité avec sérieux. Anticiper sa mort est un acte responsable, anticiper sa mort numérique l’est tout autant. Aujourd’hui en France plus de 52 millions de personnes possèdent au moins un compte actif sur un réseau social. Le numérique a envahi nos vies, il faut désormais se préoccuper du devenir de notre empreinte digitale après notre mort. Notre empreinte digitale, aussi appelée Produit Numérique Personnel (PNP) regroupe toutes nos données numériques : documents créés hors ligne, sites web consultés, contenu posté sur les réseaux sociaux, communications et activité financière en ligne. Si vous ne formulez pas de directives concernant votre empreinte numérique après votre mort, ce sont vos proches qui décideront pour vous. Ils auront aussi accès à la lecture de tout votre contenu, comme s’il découvrait votre journal intime. Il est aussi important d’anticiper la succession de son patrimoine numérique, pour toutes vos possessions numériques.
Que dit la loi concernant les données en ligne post-mortem ?
Aux yeux de la loi, les données numériques (comptes sur des réseaux sociaux, messagerie en ligne, banque en ligne…) sont protégées par la loi sur la protection des données. La Loi pour une République numérique a récemment prévu une procédure qui permet de gérer la mort numérique d’un proche, en respectant son “testament numérique”. Ces dispositions figurent dans l’article 85 de la loi Informatique et Libertés, modifiée.
Si la personne défunte a défini des directives relatives à ses données personnelles après son décès, la personne désignée par le défunt se chargera d’appliquer les directives. Si le défunt n’a pas prévu de directives, ses héritiers ont accès aux données en ligne seulement de manière à régler la succession, et de faire prendre en compte le décès par les sites sur lequel le défunt était inscrit.
En cas de désaccord entre les héritiers, concernant le traitement des données en ligne du défunt, ceux-ci peuvent saisir le tribunal judiciaire compétent.
Protéger ses données numériques grâce au testament ou au testament en ligne
Anticiper, c’est préserver ses proches. L’anticipation commence par le fait de se poser la question : que doit-il advenir de ma présence numérique ? Une fois que vous connaissez la réponse, plusieurs options s’offrent à vous, l’objectif étant maintenant de faire entendre votre volonté. Vous pouvez opter pour un simple testament, pour un testament en ligne. Vous pouvez aussi simplement décider de créer un fichier et d’en parler à vos proches.
Le testament pour lister vos volontés numériques
La solution la plus simple est peut-être la rédaction d’un testament, dit olographe. C’est un document libre qui fait office d’acte officiel pour établir vos dernières volontés, et votre succession. Dans ce document, vous pouvez confier vos noms d’utilisateur et vos mots de passe : ceux de vos messageries, de vos réseaux sociaux, des sites que vous visitiez… Vous désignez aussi un ou plusieurs tiers de confiance chargés de mettre en place vos volontés. Cette opération peut être faite devant un notaire ou non. Le document doit être écrit à la main, daté et signé, autrement il n’est pas valide légalement parlant.
Le testament en ligne ou IT Testament
Certaines entreprises proposent d’écrire et de déposer en ligne votre testament. Elles se chargent ensuite de transmettre à votre personne de confiance, le moment venu, toutes les informations nécessaires à la clôture de votre vie en ligne. Mais vos données dépendent alors de la pérennité de ces start-ups et de la confiance que vous leur accordez.
Anticiper sa mort sur les réseaux sociaux
Déterminez le devenir de votre compte Google après votre mort
Google a mis en place une solution qui permet à chaque utilisateur d’être maître du sort de son compte, en cas d’inactivité prolongée. Grâce à un outil, vous pouvez définir si votre compte se désactivera après 3, 6, 9 mois ou un an d’inactivité. Un mois avant la clôture, Google envoie un mail à l’un de vos contacts de confiance (vous pouvez en choisir jusqu’à 10.) et lui donne accès à certaines données si c’était votre souhait, puis désactivera votre compte et effacera vos données, selon vos volontés. Accédez au gestionnaire de Google et déterminez ce qu’il adviendra de vos données au cas où vous ne pourriez plus utiliser votre compte Google.
Mort numérique sur Facebook
Sur Facebook, un profil sur cent serait celui d’une personne décédée, soit environ 13 millions de profils. Pour éviter que ce réseau social ne devienne un cimetière numérique, vous pouvez anticiper l’avenir post-mortem de votre compte, en désignant un contact légataire. Celui-ci aura trois possibilités :
- Supprimer le compte
- Prendre le contrôle du compte et continuer à l’alimenter
- Transformer le profil en “un compte de commémoration”. Il sera alors précédé de la mention “en souvenir de” et ne pourra plus être modifié, mais pourra recevoir des messages d’hommage.
Dans ce cas, il est important de communiquer à ce contact ce que vous aimeriez qu’il fasse après votre mort. Vous pouvez suivre notre tutoriel vidéo qui vous indique pas à pas les démarches à suivre pour supprimer ou transformer votre compte en compte de commémoration.
Si vous devez supprimer le compte d’une personne décédée, rendez-vous sur cette page, qui vous donne la démarche à suivre.
Mort numérique sur Instagram, Linkedin, et Twitter
De récentes études ont démontré que, d’ici une cinquantaine d’années, il y aura plus de personnes décédées que vivantes sur les réseaux. La question de l’avenir des profils sur les réseaux est donc un enjeu majeur.
Instagram, Linkedin et Twitter ne donnent pas encore la possibilité d’anticiper soi-même les démarches, que ce soit en vue d’une suppression ou la transformation du compte en compte de commémoration. Sur Instagram, il sera bientôt possible de transformer votre compte en compte commémoratif, les créateurs de la plateforme travaillent sur ce projet.
En attendant, Instagram, Linkedin et Twitter ont prévu des démarches à suivre pour les proches du défunt. Ils peuvent réclamer le retrait du compte, même s’ils ne possèdent pas les mots de passe du défunt. Le réseau demandera une série de documents qui justifient votre lien de parenté et atteste du décès, et le compte sera alors supprimé.
Accéder à la liste des documents et aux formulaires de demande :
Prévoir sa mort sur TikTok
Peut-être parce que ce réseau a une communauté très jeune, ce réseau n’a rien prévu en ce qui concerne la mort de ses abonnés. Pour supprimer un compte TikTok, il vaut mieux avoir les codes. Voici la procédure pour supprimer un compte.
Sachez que, si un utilisateur ne se connecte pas pendant plus de 180 jours, TikTok changera son nom en nombres aléatoires, le compte n’appartiendra alors plus à son créateur. En revanche, ses publications continuent d’être visibles sur le réseau social.
Prévoir sa mort sur Snapchat
Tout comme sur TikTok, il est préférable d’avoir les codes pour supprimer un compte qui n’est pas le sien sur Snapchat. Si vous avez les codes, voici la procédure.
En revanche, si vous n’avez pas ses codes d’accès, mais que vous souhaitez supprimer un compte qui n’est pas le vôtre, il vous faudra contacter le centre d’aide de Snapchat et suivre cette procédure :
- Sur le site Snapchat, cliquez sur Assistance > contactez-nous.
- Sélectionnez « signaler un problème de sécurité ».
- À la question « Avez-vous besoin d’aide ? », sélectionnez « oui ».
- Cliquez sur l’option « cette personne est décédée ».
- Entrez les coordonnées et autres informations demandées par Snapchat pour clôturer et supprimer le compte du défunt.
Pour une prise en charge plus rapide, il est recommandé de leur écrire en anglais. Aussi, Snapchat vous demandera de fournir le certificat de décès officiel.