La fête des morts dans le monde

La fin du mois d’octobre, et le début du mois de novembre marquent une période ou la mort, le cimetière, l’au-delà, sont à l’honneur dans plusieurs pays du monde. Pour comprendre l’origine de la fête des morts, il faut d’abord se pencher sur la place des morts dans la société. Au Moyen-âge, les morts font partie de la société, leur disparition n’est que physique. C’était alors aux moines de les aider à passer dans l’au-delà. Petit à petit, les fidèles de la religion, par volonté de prêter main forte, et de se placer sous la protection de l’église, vont faire des donations en hommage aux défunts. Ils se rendront dans les lieux de commémoration.

Au 11e siècle, l’abbaye de Cluny va alors instituer la fête des morts : un jour de cérémonie collectif, qui doit favoriser le repos des défunts. Cette célébration sera validée par le pape Léon IX, qui encourage la commémoration de tous les défunts. Si bien que cette fête deviendra d’usage général en Occident au cours du 12e siècle. La culture chrétienne s’est répandue et a perduré, pour donner la fête des morts que nous connaissons aujourd’hui. Elle est célébrée le 2 novembre de chaque année, et les rites en l’honneur des défunts varient selon les pays.

La fête des morts en France métropolitaine

En France Métropolitaine, la fête des morts est largement confondue avec la fête de tous les saints, ou Toussaint. Elle est célébrée le 1er novembre et est devenue un jour férié de notre calendrier. Toutefois, à l’origine, la Toussaint et la fête des morts sont deux célébrations bien distinctes.

La Toussaint commémore les saints, c’est-à-dire les fidèles que l’Église a officiellement canonisé, alors que la fête des morts célèbre la vie de tous les morts. La fête des morts, le 2 novembre, est le jour de l’année où chaque famille se rend sur la tombe de ses défunts pour y déposer des fleurs, le plus souvent des chrysanthèmes.

C’est une célébration en perte de vitesse dans notre pays. Selon une récente étude menée par le Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) et la Csnaf (Chambre syndicale nationale de l’art funéraire), seules 34 % des personnes de plus de 40 ans affirment se rendre au cimetière à la Toussaint.

La fête de la Toussaint en Guadeloupe

Alors qu’en métropole, la venue au cimetière est traditionnellement vécue comme un jour austère, jour de recueillement. Pour les Antillais, c’est un moment de fête, de partage et de réunion en famille. Ils se rejoignent au cimetière, déposent de nombreuses bougies, nettoient les sépultures et restent jusqu’à la nuit pour parler. Le cimetière devient alors un lieu de vie, ou les générations se transmettent l’histoire familiale, et l’Histoire, avec un grand “H” de leur île.

Crédit photo : Carlos Aranda, Unsplash

El dia de muertos, la fête des morts au Mexique

Au Mexique, le fameux Dia de muertos est une célébration sur plusieurs jours. Elle met tout le pays sous les couleurs vives du papel picado (papier décoré de trous qui représentent des scènes de la vie en famille), les fleurs de sampasuchiles (oeillets d’indes), et de la sciure de bois coloré pour dessiner des crânes sur le sol. Chaque famille décore sa maison, fait brûler de l’encens de copal et place une “ofrenda” (table d’offrandes). Sur l’ofrenda, on pose des portraits de ses ancêtres ou des crânes de sucre qui représentent chacun un ancêtre. Ils sont transmis de génération en génération. On y dépose aussi de la nourriture, généralement les plats préférés des ancêtres, puis des bougies et des fleurs.

Les mexicains commencent les préparatifs le 31 octobre, et se rendent au cimetière le 1er novembre, qui est un jour férié. Le 2 novembre, la légende veut que les ancêtres viennent rejoindre le monde des vivants. Tout le pays est en fête. Dans les rues, on croise partout la Catrina : des hommes et des femmes déguisés et maquillés en squelette, parés de beaux habits. La Catrina est une caricature créée pour se moquer de l’attitude des indigènes devenus riches. Une manière de rappeler que les différences de statut social n’ont aucune importance face à la mort. 

Crédit photo : Gerardo Covarrubias

La fête des Gédés en Haïti

En Haïti, on compte une forte propension de la population qui pratique le vaudou. Le 2 novembre est la fête des “gede”, qui représentent les esprits de la mort dans le vaudou. Le Gédé a traversé l’au-delà. Sa mission est de veiller sur ses proches vivants. Le 1er et le 2 novembre, les habitants se rendent nombreux au cimetière. 

La plupart sont habillés en blanc, noir et violet et leurs visages sont poudrés de blanc. Par ce déguisement, ils représentent le Gédé Nibo, le protecteur des morts-vivants. Les Haïtiens boivent du rhum local, fument et s’abandonnent au rythme des tambours, des chants et des prières. Certains entrent en transe. Selon la tradition, les Gédés ne craignent rien, ils ont déjà tout vécu.

La Sicile et la festa dei morti

En Sicile, la fête des morts est un peu la fête des enfants. La légende veut que les morts descendent de l’au-delà dans la nuit du 1er au 2 novembre pour déposer des présents, et des bonbons dans la maison. Le lendemain,  les enfants découvriront au cours d’une chasse au trésor.

Le 2 novembre est une journée de fête ou on participe a un grand repas de famille, accompagné de sucreries comme les “pupi di cena” (Personnages en sucre – danseurs ou chevaliers), des “ossa en fave dei morti” (biscuits en sucre blanc) ainsi que des “frutta martorana” (fruits factices en pâte d’amandes). Ce jour, les familles se rendent au cimetière pour visiter les ancêtres et perpétuer leur souvenir. 

Crédit photo : Tamara Malaniy

Salvador célèbre el Día de los fieles difuntos

À Salvador, la fête dure aussi plusieurs jours. Le soir du 1er novembre,  les habitants envahissent les rues, maquillés en noir et blanc. On assiste à un grand défilé, des chants, des danses, des chars, de la musique.

Parmi la foule, on retrouve les personnages du folklore Salvadorien. Il y a Siguanaba, un esprit qui change de forme, prenant généralement la forme d’une jolie femme aux cheveux longs, vue de dos. Elle attire les hommes dans des coins reculés et leur révèle son vrai visage, celui d’un cheval ou d’un crâne.

Il y a aussi Justo Juez de la Noche, un fantôme sans tête ou encore El Cadejo, un spectre malveillant qui ressemble à un chien à pattes de cerf. La légende raconte qu’il incite les hommes à faire de mauvais choix… Le jour des morts a lieu le lendemain, le 2 novembre, les familles se rendent au cimetière pour fleurir les tombes et partager un repas. 

La fête des natitas en Bolivie

Les Boliviens célèbrent leur mort une semaine après la Toussaint. La fête des natitas (traduire, les petits nez plats) a pour tradition d’exhiber des petits crânes, les natitas, de les décorer, et les parer de foulards, de bijoux. Les Boliviens se rendent au cimetière pour faire des offrandes de nourriture, de cigarette et d’alcool. Ces offrandes ont une valeur de protection pour le monde des vivants. C’est aussi une fête joyeuse durant laquelle on peut voir des défilés de rue, de la musique, et des danses traditionnelles.

Crédit photo : San Brand

De l’importance de célébrer les morts

En France, nous célébrons la fête catholique de la Toussaint le 1er novembre, mais elle est souvent confondue avec la fête des morts, qui se célèbre le 2 novembre. Cet amalgame a pour conséquence de faire de la venue au cimetière une fête catholique, alors que la fête des morts, dans la plupart des pays, s’est éloignée de la religion. La plupart des familles françaises ne célèbrent donc pas leurs morts, on assiste à un véritable déni de la mort. Pour l’historien Michel Rouche, ce déni n’est pas sans conséquence : “ En oubliant le passé et les générations précédentes, on refuse aussi de penser à l’avenir. “ Car ces rites, qui font symboliquement revivre les morts pendant une journée, permettent aussi aux vivants de trouver une place pour la mort dans la société.

William Gladstone disait : « Montrez-moi la façon dont une Nation ou une société s’occupe de ses morts, et je vous dirai avec une raisonnable certitude les sentiments délicats de son peuple et sa fidélité envers un idéal achevé. » L’étude de la mort n’est rien d’autre qu’une étude des vivants.

DESTEMBERG Antoine, MOULET Benjamin, « La mort. Mythes, rites et mémoire », Hypothèses, 2007/1 (10), p. 81-91. DOI : 10.3917/hyp.061.0081.

 

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