
Le numérique a envahi nos vies, à tel point qu’il faut désormais se préoccuper du devenir de l’empreinte digitale après notre mort. Cette empreinte digitale, aussi appelée Produit Numérique Personnel (PNP) regroupe toutes les données numériques : documents créés hors ligne, sites web consultés, contenu posté sur les réseaux sociaux, les communications et l’activité financière en ligne. Si votre mort numérique n’est pas anticipée, il reviendra alors aux vivants de décider pour vous. Les héritiers sont donc libres de les parcourir, tout comme ils peuvent lire des lettres ou un journal intime retrouvé dans le grenier.
En règle générale, anticiper son décès est une manière responsable de libérer vos proches vivants d’un certain nombre de démarches et décisions à prendre. Il en va de même pour les démarches en ligne, car cette “vie” numérique vous appartient, il est du devoir de chacun de se poser les bonnes questions la concernant, et de prévenir vos proches, afin qu’ils soient en mesure d’effacer vos données, de les parcourir ou les faire vivre. ON l’appelle aussi patrimoine numérique.
Le règlement général sur la protection des données (RGPD), en vigueur depuis le 25 mai 2018 consacre un droit à la mort numérique concernant les données personnelles en ligne. Ce qui a poussé le gouvernement à modifier la loi relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés avec l’insertion d’un nouvel article qui stipule que chaque personne doit désigner des héritiers qui seront responsables d’effacer ou modifier les données de la personne décédée. Cette loi stipule aussi que les entreprises doivent mettre en place des moyens pour les utilisateurs d’anticiper le sort de leurs données.
Si une personne n’émet pas de volontés de son vivant, c’est aux proches de décider du sort de celles-ci. Pour effacer les données d’une personne décédée, les plateformes les plus importantes ont déjà mis en place des possibilités d’agir pour anticiper sa mort numérique ou donner la possibilité à un tiers de le faire.
Le testament ou IT testament
La solution la plus simple est peut-être la rédaction d’un testament. Un testament est un document libre qui fait office d’acte officiel pour établir vos dernières volontés, et votre succession. (Lire notre fiche-conseil sur le testament).
Dans ce document, vous pouvez confier vos codes secrets : celui de vos messageries, de vos réseaux sociaux, des sites que vous visitiez, et désigner un ou plusieurs tiers de confiance chargés de mettre en place vos volontés. Cette opération peut être faite devant un notaire ou non.
Certaines entreprises proposent déjà ce service : elles se chargent de transmettre à une personne de confiance, le moment venu, toutes les informations nécessaires à la clôture de votre vie en ligne. Mais vos données dépendent alors de la pérennité de ces start-up et de la confiance que vous leur accordez …
Google a mis en place une solution qui permet à chaque utilisateur d’être maître du sort de son compte, en cas d’inactivité prolongée. Grâce à un outil, vous pouvez délimiter si votre compte se désactivera après 3, 6, 9 mois ou un an d’inactivité. Un mois avant la clôture, Google envoie un mail à l’un de vos contacts de confiance ( vous pouvez en choisir jusqu’à 10) et lui donnera accès à certaines données si c’était votre souhait, puis désactivera votre compte et effacera vos données, selon vos volontés.
Accédez au gestionnaire de Google
Sur Facebook aussi vous pouvez anticiper l’avenir postmortem de votre compte, en désignant un contact légataire. Celui-ci aura trois possibilités :
- Supprimer le compte
- Prendre le contrôle du compte et continuer à l’alimenter
- Transformer le profil en “un compte de commémoration”. Il sera alors précédé de la mention “en souvenir de” et ne pourra plus être modifié, mais pourra recevoir des messages d’hommage.
Sur Facebook, un profil sur cent serait celui d’une personne décédée, soit environ 13 millions de profils.
Accédez aux informations et au formulaire de Facebook
Mort numérique sur Instagram, Linkedin et Twitter
Sur ces trois réseaux, sans anticipation, un membre de la famille proche peut réclamer le retrait du compte (si les mots de passe ne lui ont pas été confiés). Le réseau demandera une série de documents qui justifient votre lien de parenté et atteste du décès.
Accéder à la liste des documents et aux formulaires de demande :
Pour tous les autres sites et réseaux, quelles que soient les options proposées par le site, il est important de prendre des décisions en ce qui concernent vos données. D’une part, pour éviter à vos proches d’être contraint de prendre une décision qui n’aurait peut-être pas été la vôtre, et d’autre part parce que vous souhaitez peut-être transmettre certaines données, comme un patrimoine virtuel à un/des tiers. Vous pouvez aussi décider de transformer vos données, et créer une possibilité pour vos proches de vous rendre hommage, et ainsi faciliter leur deuil.