Les pratiques funéraires en Suède sont assez semblables aux pratiques funéraires de la France. Les Suédois ont aussi le choix entre l’inhumation et la crémation. La Suède est un pays ou la religion occupe peu de place, mais la cérémonie des obsèques est très importante. Il existe tout de même une différence : en Suède, lorsqu’une personne décède, son corps est gardé plus d’un mois à la morgue avant d’être enterré, les Suédois utilisent ce temps pour débuter leur deuil. Il existe aussi une autre coutume que nous n’appliquons pas dans notre pays : le döstadning. Cette pratique n’a pas de traduction littérale, il s’agit de pratiquer un nettoyage avant la mort. C’est-à-dire se séparer de ces vieux objets, trier, donner, vendre, jeter de manière à laisser le strict minimum au moment du départ pour épargner à sa famille le moment délicat du rangement.
Un livre sur le döstadning
La coutume du döstadning existe depuis la nuit des temps mais a été récemment remise au goût du jour par Margareta Magnusson dans son ouvrage : “Le délicat art suédois du ménage de la mort” qui a été traduit dans de nombreuses langues. Il a même acquis le statut de « best-seller » par le New York Times et fédère aujourd’hui une communauté active de 18 000 personnes sur Facebook.
“Ce ménage de la mort, explique Lena Sundgren, une retraitée suédoise de 84 ans interviewée par l’AFP, je m’y attelle plusieurs fois par semaine, ça me calme. Je fais de mon mieux pour avoir moins d’affaires et pour soulager mes proches afin qu’ils n’aient pas à décider quoi faire de toutes ces choses. Ces bibelots par exemple sont là et ils ne servent à rien, ils n’ont pas de valeur pour moi. Ils ne prennent pas de place, mais peu importe, cette sensation quand je m’en débarrasse, c’est un soulagement”.
L’idée d’une telle coutume est d’anticiper afin de ne pas laisser trop à sa famille et éviter ces moments délicats où on ne sait que faire des affaires du défunt. En effet, le moment du tri des affaires du défunt est souvent pour la famille, une tâche longue, et compliquée émotionnellement : chaque objet rappelle un souvenir et la séparation avec ces objets représente à chaque fois un petit déchirement. C’est un moment de dilemme où on oscille entre séparation et envie de garder.
Une bonne idée pour se préparer à la mort et préparer ses proches
Au fond, cette coutume du döstadning est très sage. Non seulement, matériellement parlant, elle permet de libérer sa famille d’une tâche lourde dans un moment où les personnes en deuil sont déjà chargées émotionnellement. Mais elle permet aussi, pour la personne qui la pratique, d’affronter la réalité et de s’occuper de sa mort, pour mieux l’appréhender. Dans notre pays, nous avons tendance à occulter la mort, comme si le fait d’en parler ou de la mentionner allait la faire apparaître. Nous gagnerions en tranquillité d’esprit en accordant un peu de temps à penser à notre fin de vie et à anticiper, pour notre famille, de manière à ne pas l’accabler le jour de notre départ. Finalement, le döstadning est un peu à la mort ce que l’Hygge est à la vie. (l’Hygge est un mot qui désigne un art de vie serein, en Norvège et au Danemark)