Pendant qu’une partie de la population est confinée, certains travailleurs continuent d’accomplir chaque jour leur mission pour le pays. Au premier front, bien sûr, le personnel soignant et toutes les personnes mobilisées pour le bon fonctionnement des hôpitaux, des cliniques et des cabinets de santé, ainsi que les pharmacies. Et directement derrière le personnel de santé, il y a les organismes de pompes funèbres, que cette crise impacte énormément, et dont la mission se trouve bousculée par les mesures gouvernementales et oppressée par l’afflux des décès.
Quel est l’impact du covid-19 sur l’activité des pompes funèbres ?
Des cérémonies en petit comité
Les familles n’ont pas la possibilité d’assister à la crémation, ni de se recueillir avant la mise en bière, la seule possibilité est de se recueillir au cimetière, mais pas plus de 19 personnes ne sont admises. C’est bien là la mesure la plus difficile pour les conseillers Cridel dont le coeur de métier est d’accompagner les familles, de les apaiser dans un premier temps et de leur permettre dans un second temps d’organiser un au revoir de qualité, et mémorable. En cette période de crise, les contacts sont très limités, les agences sont aménagées avec des sas et la plupart des familles n’osent même pas se déplacer en agence. Delphine, en charge des agences de Passy (Paris 16e) et Braconnier (Paris 14e) insiste fortement pour que les familles viennent malgré tout en agence “ ils ont besoin de parler. N’avoir aucun contact en cette période, c’est la double peine”. Les conseillères expliquent qu’elles ont un goût d’inachevé, que leur travail n’est plus porteur de sens, comme il peut l’être en temps normal. Les démarches administratives ont pris le pas sur l’accompagnement. Au pays Basque, Eve, en charge de l’agence de Cambo-les-bains explique “travailler en ce moment nous laisse un goût d’inachevé, l’accompagnement des familles est plus compliqué qu’en temps normal. Mais les familles sont très compréhensives”.
Une mise en bière accélérée
Par mesure d’hygiène, le gouvernement a pris la décision d’accélérer la mise en bière des défunts à 24h, contre 2 à 5 jours en temps normal. Pour les décès du COVID19, les personnes sont immédiatement mises en bière. Cette accélération laisse peu de répit aux conseillers qui doivent accélérer les démarches, et supprime quasi-entièrement le temps du recueillement pour les familles, alors que c’est un moment important pour réaliser la perte, et entrer dans le deuil.
Un manque de matériel de protection
Depuis le 27 mars, le gouvernement a inscrit les opérateurs funéraires sur la liste des bénéficiaires prioritaires d’équipements de protection individuelle, cependant jusqu’à ce jour, les organismes sont peu ou ne sont pas équipés du tout. Les conseillers funéraires se débrouillent avec les moyens du bord et procèdent à des nettoyages méticuleux de leurs agences pour éviter la propagation du virus.
Une surcharge à Paris et en Ile-de-France
Si les hôpitaux de Paris sont en surcharge, il en est de mêmes pour les organismes de pompes funèbres. En plus de la surcharge de travail dûe à l’augmentation du nombre de décès, les agences de pompes funèbres sont confrontées à des saturations des prestataires qui les entoure : les funérariums, et les crématoriums affichent complet à tel point que le marché de Rungis a ouvert un hall pour accueillir les corps des morts par coronavirus. Cette saturation perturbe largement les agences parisiennes qui doivent redoubler d’énergie pour trouver des places pour tout le monde.
La maison Cridel continue sa mission, au plus près possible des familles endeuillées
Si cette crise sanitaire est vécu par les conseillers funéraires Cridel comme un vrai casse-tête assorti d’une angoisse chaque jour grandissant, toute l’équipe est fière d’être “sur le front” et de participer très activement à cette période très particulière. Les conseillères cridel sont des mères, des femmes, qui se battent chaque jour pour apporter le soutien nécessaire aux familles en deuil, qui font souvent passer leur très beau métier avant leur vie privée. S’ il faut trouver une lueur dans la pénombre, cette période de crise est peut-être une occasion inespérée pour démontrer le rôle réel des organismes de pompes funèbres, qui ne sont pas là pour faire du profit sur la mort, mais dont le rôle revêt une importance capitale dans la réunion des familles, dans la célébration de la vie du défunt et dans l’accès au deuil pour chacun.